mercredi 31 mars 2010

Un jour sans grande importance

Et voilà, ça arrive aussi, des fois il y a des jours où la vie ne vous réserve pas grande surprise, où ce qui devait se passer se passe, pas plus ni moins, où les heures s'enchaînent dans une grande banalité bien réelle.

On peut en effet devenir complètement maître du cours de sa vie. Il suffit pour cela de ne rien prévoir, ne rien envisager, ne rien faire. À peine levé, on se laisse envahir par l'instantanéité paralysante et il suffit de se concentrer sur les perspectives qui s'offrent à soi à ce moment précis et pas plus loin que pour l'heure qui suit pour se rendre compte qu'il est tout à fait possible de se créer une existence d'une vacuité parfaitement maîtrisée.

Bien sûr, bien sûr, on me rétorquera qu'on trouve toujours un petit coup de balai à passer, un bout de chauffe-eau à réparer, une facture à payer, une thèse à rédiger, l'ampoule du couloir à remplacer, bref cette foule de tâches super chiantes qu'on laisse toujours au bout de la liste pour le jour, où vraiment, alors vraiment, on ne peut plus y couper. Oui mais.

Oui mais si vous vous pliez à l'exercice depuis quelques semaines, c'est à dire globalement si vous êtes au chômage, il ne vous aura pas échappé à quel point remplir sa journée de petites tâches super chiantes revêt un côté, comment dire... un tant soit peu inintéressant. En outre, au bout d'un moment, malgré son acharnement (ou peut être à cause de lui), on arrive au bout de ces petites persécutions du temps libre. Et alors vous voilà devant un fait nouveau, d'une incroyable limpidité : vous n'avez plus rien à faire.

Rien. Pas rien sur le long terme, on peut toujours se trouver une langue à apprendre, une collection débile, un projet à entreprendre. Non, rien à faire là, tout de suite, dans l'heure qui suit et qui s'annonce un rien angoissante, d'autant plus qu'il n'en reste pas moins d'une dizaine avant de pouvoir aller se coucher sans que cela passe pour un aveu de désœuvrement total et dégoûté.

Tout le jeu consiste alors, sans peur du ridicule, à ordonner, planifier, gérer, minuter son Rien comme le casse du siècle, la réservation de la grande salle de la Mairie un samedi de juin, un discours improvisé lors d'un départ en retraite d'homme politique, une grille d'horaire de la SNCF.

Ça pourrait donner ça :

De 8 à 10 : Rien
De 10 à 12 : Pas grand chose, des transitions douces, c'est important.
De 12 à 14 : repas + vaisselle
De 14 à 15 : café. Tiens, si j'essayais de moudre les grains à la main ? Et si je faisais pousser mon propre café ? Et relire pour la 40e fois le dos du paquet ? Je pourrais l'apprendre par cœur, mais il doit y avoir des choses plus intéressantes.
De 15 à 17 : Oh ! C'est l'heure de la sieste. Je ne suis pas très fatigué, mais respectons scrupuleusement le planning.
De 17 à 19 : glande
De 19 à 20 : promenade à la fraîche. Bizarre comme les gens ont l'air occupé, EUX.
De 20 à 21 : sustentation reconstituante suite à promenade.
De 21 à 22 : attente de 22h
22h : coucher possible, sans aveu de désœuvrement : la journée a été dure, et demain, je vous en parle même pas !

Morale : On ne travaille pas pour vivre, mais pour oublier que c'est une activité des plus angoissantes.

Suite dénuée d'intérêt au prochain épisode d'un ennui complet.


lundi 22 mars 2010

Le retour du space gaucho

Mes chers amis, je manquerai décidément à tous mes devoirs si je ne vous fournissais pas votre dose (presque) hebdomadaire de nouvelles fraîches et bien pures.

Mais voilà, avant d'aborder les abîmes de remise en question, de prise de tête et de découragement qu'entraîne nécessairement la recherche d'un emploi, quelque soit le pays où l'on se trouve, il me faut tout de même revenir sur un évènement non moins marquant : Le voyage FRANCE 2010.

Lorsque vous cherchez à voyager en France à partir de l'Argentine, et de l'Amérique en général, voilà ce que l'on vous vend :

Du rose, de la Romance et la tour Eiffel. Un peu de "Nouvelle Vague" ne fera pas de mal non plus.


Voila à peu près ce que s'imaginent les gens à qui je dis que j'atterris à Paris...
Un oeil avisé remarquera tout de suite le regard naïf que les argentins portent sur la France : il est évident que la tour Eiffel a 3 étages, pas deux !


La France évoque immanquablement le manque d'hygiène. Pourquoi, sinon, aurions nous de si bons parfums ?

Et bien sûr les services touristiques du consulat français vendent ça en grand. Il semblerait que, à peine le pied posé en France, la "joie de vivre" et le "chic français" vous tombent dessus telle une auréole, et alors, là attention, vous avez intérêt à avoir révisé votre french kiss et le débrochage de lingerie compliquée !

Evidement, bien loin de me laisser avoir par des déclarations, fallacieuses, je ne m'attends à rien de tel. Et pourtant...


C'est ça ! Je me retrouve en plein glamour chic et branché, je suis un french lover ! C'est ça de voyager dans son propre pays !


Pour parfaire cet effet jet set, un petit pique nique au ski. Heureusement d'ici on ne voit pas que nous déjeunons d'un rustre saucisson, un comté mal dégrossi, un camembert paysan, un pain de campagne et du jambon de pays. Sinon où serait le chic parisien?


J'en profite aussi pour fêter mon anniversaire. Grâce à l'effet persistant du "chic français" et du fondant au chocolat bien entamé cette 26e année ne me frappe pas trop durement !

J'ai encore le temps d'aller saluer mes anciens collègues de boulot. Un très bon moment à base de happy hour, pintes non moins joyeuses et ragots sur les projets en cours. Dommage de laisser cette équipe de joyeux drilles avec qui j'ai bien rigolé en travaillant, mais vu les récits de la situation, je ne suis pas trop mécontent d'avoir changé de crèmerie. Après tout "les équipes anciennes n'étaient pas en mesure de sortir le projet qui a du être sauvé in extremis par la nouvelle direction". Pas franchement la peine de rester trimer si c'était pour faire du si mauvais boulot.

Ainsi rassuré sur mon destin, j'ai juste le temps d'aller faire mes courses de produits si typiquement autochtones qui font la renommée de nos provinces jusqu'au delà de nos frontières avant de me ré-envoler vers les contrées argentines où ces produits nous font si cruellement défaut.


Ah les spécialités du terroir !

ALLEZ LA FRANCE !!!

A la prochaine...